MIT DER ZEIT
Le travail de François-Xavier Chanioux aborde les interfaces entre les images, les instants et les états, cet indicible moment dans l’entre-deux qui se joue de la capacité à voir de l’être humain. En effet, l’œil induit une perception de la réalité, avec laquelle le cerveau crée une image furtive qui n’est pas le réel. Au cœur de l’œil, passe le nerf optique ; cette zone est dépourvue de capteur optique, ce que l’on appelle «la tache aveugle», et c’est alors le cerveau qui voit. Cet espace temporel, ce moment juste avant, lorsque l’idée transite par l’esprit et deviendra une projection mentale, est au centre des préoccupations de l’artiste.
Espace entre ce qui est fait et ce qui est perçu, le projet Mit Der Zeit, installé dans l’Octroi, fait un clin d’œil à la vidéo performative « Der Lauf der Dinge » réalisée par Peter Fischli et David Weiss. Dans cette même utilisation d’objets du banal et de mise en scène décalée, François-Xavier Chanioux manipule des récipients, des mélangeurs, des solutions (plâtre, résine polyester, résine polyuréthane, élastomère de silicone) qu’il met en scène dans des vitrines, telle la scénographie d’un muséum d’histoire naturelle. Cette installation n’est en réalité que le point de départ d’un dispositif protocolaire précis : à quel moment se fixent les différentes solutions ? Elle permet d’alimenter un diagnostic regroupant toutes ces expérimentations et servant à constater et référencer des données empiriques : vitesse de rotation, température, dosage du durcisseur..., les temps de solidification sont enregistrés et répertoriés.
Outre l’expérience, Mit Der Zeit propose de dialoguer avec l’Histoire de l’art et ses différents questionnements. En sculpture, à partir de quel moment considère-t-on que la matière est passée du liquide au solide ? On pense notamment aux Expansions où César faisait couler de la résine au sol, attendant son durcissement et où il était question de ne pas totalement maîtriser la forme finale. Fixer un objet fugace et immatériel, était aussi une des préoccupations des Futuristes, ou encore, Tdes Impressionnistes. Par ailleurs, la « tache aveugle», fait référence au cinéma, en particulier à « l’image d’après », au sens où les choses sont perçues a posteriori ; alors que le regard a saisi un objet, il est déjà passé à un autre état.
L ’art et la science ont toujours dialogué, l’un faisant évoluer l’autre, les deux cherchant ce qui se joue entre réel et perception.
À l’étage d’Eternal Gallery, François-Xavier Chanioux installe un autre laboratoire, photographique celui-là. Dans des vitrines, sont posées des feuilles de papier sensible. L’ artiste y dépose du révélateur qu’ il a préalablement solidifié, au congélateur, dans des bacs à glaçons. La fonte aléatoire de ces glaçons va partiellement révéler les images. Il s’agit de photos érotiques que l’ œil va découvrir. Le titre Blind Spot (tache aveugle) nous parle de l’attente devant l’image qui doit se révéler et révéler son secret. Entre désir, gêne ou frustration, veut-on vraiment voir ces images coquines ?
Espace entre ce qui est fait et ce qui est perçu, le projet Mit Der Zeit, installé dans l’Octroi, fait un clin d’œil à la vidéo performative « Der Lauf der Dinge » réalisée par Peter Fischli et David Weiss. Dans cette même utilisation d’objets du banal et de mise en scène décalée, François-Xavier Chanioux manipule des récipients, des mélangeurs, des solutions (plâtre, résine polyester, résine polyuréthane, élastomère de silicone) qu’il met en scène dans des vitrines, telle la scénographie d’un muséum d’histoire naturelle. Cette installation n’est en réalité que le point de départ d’un dispositif protocolaire précis : à quel moment se fixent les différentes solutions ? Elle permet d’alimenter un diagnostic regroupant toutes ces expérimentations et servant à constater et référencer des données empiriques : vitesse de rotation, température, dosage du durcisseur..., les temps de solidification sont enregistrés et répertoriés.
Outre l’expérience, Mit Der Zeit propose de dialoguer avec l’Histoire de l’art et ses différents questionnements. En sculpture, à partir de quel moment considère-t-on que la matière est passée du liquide au solide ? On pense notamment aux Expansions où César faisait couler de la résine au sol, attendant son durcissement et où il était question de ne pas totalement maîtriser la forme finale. Fixer un objet fugace et immatériel, était aussi une des préoccupations des Futuristes, ou encore, Tdes Impressionnistes. Par ailleurs, la « tache aveugle», fait référence au cinéma, en particulier à « l’image d’après », au sens où les choses sont perçues a posteriori ; alors que le regard a saisi un objet, il est déjà passé à un autre état.
L ’art et la science ont toujours dialogué, l’un faisant évoluer l’autre, les deux cherchant ce qui se joue entre réel et perception.
À l’étage d’Eternal Gallery, François-Xavier Chanioux installe un autre laboratoire, photographique celui-là. Dans des vitrines, sont posées des feuilles de papier sensible. L’ artiste y dépose du révélateur qu’ il a préalablement solidifié, au congélateur, dans des bacs à glaçons. La fonte aléatoire de ces glaçons va partiellement révéler les images. Il s’agit de photos érotiques que l’ œil va découvrir. Le titre Blind Spot (tache aveugle) nous parle de l’attente devant l’image qui doit se révéler et révéler son secret. Entre désir, gêne ou frustration, veut-on vraiment voir ces images coquines ?
Là aussi, la transformation de la matière – cette fois, de l’état solide à l’état liquide –, perturbe et brouille la finalité de l’œuvre. Que restera-t-il de ces matières et de ces images, sachant que, si l’ artiste ne leur applique pas de fixateur, elles disparaîtront. Elles n’auront été qu’une révélation pour le visiteur qui sera venu pour La Nuit des musées et repartira comme on sort du restaurant, avec un bon souvenir, mais l’ impossibilité de garder ce qui aura été dégusté.
Car justement, il y a quelque chose de culinaire dans l’exposition de François-Xavier Chanioux. Tel un chef dans son «labo», l’artiste opère entre chimie et physique, créant des recettes à partir du changement d’état des matériaux. D’ailleurs, les formes et les couleurs que prennent les solutions de Mit Der Zeit rappellent des pâtisseries ou des confiseries.
Pour ces projets, François-Xavier Chanioux a reçu deux bourses d’aide à la production, de la DRAC Centre–Val de Loire et de la Région Centre–Val de Loire. Il bénéficie également du mécénat de la Miroiterie Application Moderne du Verre et du concours de Mode d’Emploi. Enfin, l’artiste tient à remercier Marek Lucet (traiteure) pour la préparation des plats de la performance SYMBIOSIS.
Éric Foucault, commissaire d’ exposition Eternal Network
Car justement, il y a quelque chose de culinaire dans l’exposition de François-Xavier Chanioux. Tel un chef dans son «labo», l’artiste opère entre chimie et physique, créant des recettes à partir du changement d’état des matériaux. D’ailleurs, les formes et les couleurs que prennent les solutions de Mit Der Zeit rappellent des pâtisseries ou des confiseries.
Pour ces projets, François-Xavier Chanioux a reçu deux bourses d’aide à la production, de la DRAC Centre–Val de Loire et de la Région Centre–Val de Loire. Il bénéficie également du mécénat de la Miroiterie Application Moderne du Verre et du concours de Mode d’Emploi. Enfin, l’artiste tient à remercier Marek Lucet (traiteure) pour la préparation des plats de la performance SYMBIOSIS.
Éric Foucault, commissaire d’ exposition Eternal Network