MIND GAME   

 

 

La force de toute chose, idée, image ou forme n’est pas dans l’ objet tel qu’on le perçoit. Elle se situe quelques instant auparavant. Quelques millièmes de seconde avant. Lorsqu‘ elle se construit. Lorsqu’ elle transite par notre esprit.
C’ est dans cet espace que se crée le mouvement, ou plutôt l‘idée de mouvement. Cette idée est une projection de l’ esprit, une projection de ce qu’il devrait y avoir.

    L’ expérience de réalisateur m’ a amené à composer et décomposer une réalité cadencée à 24 images par secondes. À l’ heure des 500 images par secondes et des nanochronologies qu’ existe t-il entre les images? Il y a dans ce flux, un jeu, une respiration dans laquelle je m’ engouffre. Un jour qui met en lumière la fragilité de notre représentation du monde.

L’ espace plastique que j’ aborde est l’ espace qui existe entre les instants et entre les états. Entre la réalité donnée et sa transformation passée ou prochaine. L’  entracte, ou plutôt l’ entre-acte serait l’ étape de mutation des événements perceptibles ou des processus perceptifs. L’ étape de construction du réel, moment charnière ou il bascule de l’imperceptible au discernable.

Ma démarche s’ articule autour du furtif et de son immatérialité. Je m’ intéresse aux phénomènes optiques propres à la photographie et la vidéo et les transposent dans le champ sculptural. Je tente d’ interroger notre perception du réel et d’ explorer l’ ambiguïté cognitive entre la fiction et la réalité. L’ éphémère, l’ instantanéité, l’ écho, la vitesse, les distorsions et la persistance rétinienne sont au cœur de mes préoccupations.

Les objets que je représente et mets en scène sont issus d’ une distorsion de la lumière, de la matière ou de l’ esprit. Devenus palpables, un reflet, un mirage, le mythique rayon vert, le phénomène de flou de mouvement ne relèvent plus de dysfonctionnements optiques. Ils perdent leur caractère trompeur, leur visage de fantômes et sont élevés au rang de témoin, ceux d’une réalité en construction, d’un genre de réalité alternative.
 
J’ éprouve l’ instabilité de notre perception à travers ces interstices, moments indéfinissables entre deux états, espaces arpentés par des illusions et des chimères abstraites.  Il existe entre les images, des sensations, des projections mentales nécessaire a toute construction.

À la manière d’ un arrêt sur image, ces objets incarnent l’ instant précaire pendant lequel s’ articule un glissement du réel.

 

 

François Xavier Chanioux